On peut dire sans exagérer que la Xbox One n’est pas vraiment en odeur de sainteté au cours de cette génération de consoles, et peine forcément à rattraper son retard, malgré toutes les bonnes volontés mises en place. Après les nombreuses péripéties de ce fameux E3 et le fabuleux rétro-pédalage de Microsoft, c’est en novembre de la même année que la descendance de la Xbox 360 a pris ses marques en rayon avec un line-up de lancement de toute beauté qu’envierait n’importe quel constructeur (Knack ? Sérieusement ?). Rendez-vous compte, au rayon des exclusivités : Forza Motorsport 5, Dead Rising 3, Killer Instinct, Crimson Dragon ou encore Ryse Son of Rome. C’est sur ce dernier jeu que j’ai eu envie de m’attarder afin de rétablir une vérité trop souvent masquée par des limitations de gameplay ou une plastique trop alléchante.
Ryse Son of Rome est un beat’em’all développé par les allemands de Crytek, habituellement en charge de FPS tels Crysis, ils ont été mandatés par Microsoft pour sortir un titre susceptible d’être la vitrine technologique de leur nouvelle console. Longtemps resté exclusivité Xbox One, avant de se trouver une adaptation sur PC, ce titre bénéficie d’une réalisation particulièrement. Alors que la septième génération de consoles était toujours sur le devant de la scène, Ryse est arrivé sans tambour ni buccin, enfin trompette, et nous a proposé une claque monumentale. Bon nombre de détracteurs diront que le jeu ne tourne pas en 1080p / 60 images par seconde, certes, mais par Jupiter, on voit réellement le gap technique avec les jeux de la précédente génération. Dès les premières minutes, on retrouve une jolie modélisation de Rome avec le Colysée, ses petites ruelles typiques, les armures des légionnaires qui scintillent dès le moindre éclat de soleil, les scènes cinématiques de très bonne qualité avec une représentation des personnages vraiment clinquante, je me suis plusieurs retrouvé à me dire que c’est exactement l’adaptation vidéoludique de Gladiator de Ridley Scott que j’ai toujours voulue avoir.
Ryse vous met dans la peau de Marius, légionnaire romain souhaitant venger la mort de ses parents (qui intervient très rapidement dans le jeu), vous allez donc partir seul (et parfois avec l’appui de votre légion) au travers des contrées de l’empire romain pour retrouver le ou les félons. Un pitch somme toute assez basique (coucou Gladiator) mais rappelez-vous, nous sommes dans un beat’em’all ! Les jeux vidéo traitant de l’époque romaine ne sont pas légion (sic !), on retrouve soit de la stratégie temps réel ou tour par tour comme les Caesar, Rome : Total War, Age of Empires : The Rise of Rome, Crusader Kings II ou encore plus généralement Civilization… soit des titres à consonance éducative comme Europa Universalis : Rome ou encore Pompéi : La Colère du Volcan… soit des jeux d’action comme Gladius ou encore un titre que j’ai particulièrement apprécié Spartan : Total Warrior (qui mélange à la fois les civilisations Grecques et Romaines). Ici, point d’aspect romantique (sic), on est dans le sanguinolent et le bourrin tel qu’a pu l’être la conquête menée par cet empire aussi puissant que sauvage.
Qui dit beat’em’all dit forcément découpage, embrochage et autres décapitations d’ennemis. L’action s’enchaîne pendant cinq grosses heures à un rythme particulièrement soutenu, où la plupart du temps vous vous sentirez submergé par les ennemis mais que vous arriverez à éliminer de manière fluide à l’aide d’un Quick Time Event de toute beauté. Nous sommes quand même loin du système de combat des Batman Arkham mais on sent que les développeurs ont souhaité s’en inspirer. Au programme, vous disposez d’un glaive et d’un bouclier que vous pourrez combiner pour effectuer des combos d’attaques et ainsi arriver à vos fins plus rapidement. Les QTE d’exécution sont présents en nombre, il vous sera possible de les débloquer en les achetant avec soit de la bravoure acquise au fur et à mesure des exécutions soit de l’argent réel (non pas les sesterces malheureusement !). Ces « finish » génèrent également au choix soit des bonus d’XP, soit un regain de vitalité soit un bonus de rage (sorte de mode « berserk » qui peut se déclencher si la jauge le permet dans le but de pouvoir asséner un nombre impressionnant de coups à vos adversaires dans une sorte de slow motion).
Malheureusement, tout n’est pas parfait dans Ryse. Tout d’abord, le fait que ce jeu soit un beat’em’all amène une répétitivité assez importante que ce soit dans les faciès des ennemis présents à l’écran (6-7 personnages différents dupliqués à l’infini), qui plus est la durée de vie étant assez courte et la rejouabilité limitée (hormis une difficulté plus poussée), ce titre ne plaira pas à une grande partie du public. Le mode multijoueurs permet de vous battre dans un semblant de mode Horde à la Gears of War dans une arènes peuplée de gladiateurs prêts à en découdre… intéressant mais pas de là à y passer de nombreuses heures. Etant assez loin d’un titre en monde ouvert, vous ne disposerez pas d’une grande liberté d’exploration, ce qui le rend un peu trop dirigiste même s’il s’agit d’une facette propre au genre du jeu. Par contre, si comme moi, vous avez été fan des beat’em’all à l’ancienne comme Final Fight, Streets of Rage ou Mutation Nation, foncez sans problème ! On y retrouve tout ce qui fait la force des bons beat’em’all avec des éléments de gameplay intéressants (enchaînements, exécutions…) dans une enveloppe visuelle et sonore particulièrement soignée. Si vous n’attendez pas grand chose de ce titre eu égard aux nombreuses critiques négatives, alors, Ryse Son of Rome peut vous charmer avec ses qualités intrinsèques et représenter pour vous autre chose qu’une simple démo technique des capacités de la machine.