Remaster / Remake : plaie de cette génération ?

Proposer le remake d’un jeu vidéo a toujours fait partie du paysage ludique d’une machine, que ce soit sur Super Nintendo où des rééditions de jeux NES ont pu voir le jour comme la compilation des Star Soldier ou plus tard les conversions « arcade perfect » de Capcom sur la Saturn sans compter les versions Xbox Live Arcade ou PSN des anciennes gloires de SEGA ou autres, bref, ce n’est pas un phénomène nouveau. Bon nombre d’internautes se plaignent aujourd’hui du fait qu’il y ait beaucoup plus de « remasterisations » que de nouvelles licences sur les machines de jeu actuelles, à tort ou à raison ? C’est ce que nous allons essayer d’appréhender dans ce dossier en essayant de rester le plus objectif possible.

 

Remake / Remaster / Reboot ?

Il est tout d’abord primordial de distinguer les différentes sortes de remake, car oui, il en existe de plusieurs formes (plus ou moins acceptables selon le point de vue de chacun) : on peut séparer ceux qui ont juste fait l’objet d’une refonte graphique (Sleeping Dogs Definitive Edition sur PS4 / Xbox One par exemple) et ceux qui ont connu quelques ajustements au niveau du gameplay (Windwaker HD sur Wii U qui permet l’utilisation du gamepad en plus d’avoir bénéficié d’un traitement graphique de plus grande résolution).

Tu vois, il y a le bon remake…

On retrouve des titres anciens remis au goût du jour que ce soit donc graphiquement ou sur le plan du gameplay pour ainsi se donner une nouvelle chance de toucher un public plus large. C’est ainsi que l’on peut trouver Grim Fandango Remastered sorti sur PC et PSN. Bien qu’il soit pétri de qualités narratives et de réalisation indéniables, ce jeu fut un échec commercial en son temps, de par un genre de jeu en plein déclin et surtout une jouabilité qui avait rebuté plus d’un joueur (personnage jouable au clavier / manette à la manière d’un Resident Evil). Le fait de le ressortir sur les supports actuels (notamment PC jouable à la souris comme un point’n’click traditionnel ou PS Vita avec l’écran tactile) peut lui permettre de toucher un public plus large et de se refaire un nom, si toutefois il en a encore besoin. Dans la même veine, le remake des deux premiers épisodes de Monkey Island sortis sur la précédente génération avec des graphismes moins pixellisés et surtout un gameplay remis au goût du jour (on oublie les verbes d’action à sélectionner).

 

Si l’on souhaite s’attaquer à un autre genre, nous avons également le Survival Horror qui peut être cité avec Resident Evil Remastered sur PC, PS4 et Xbox One. Adaptation « HD » de la version Gamecube du titre mythique de Shinji Mikami, ici nous profitons surtout d’une remise à niveau graphique tirant partie de décors magnifiques et une représentation « lissée » beaucoup plus réaliste que l’aspect pixellisé des versions d’origine sur Saturn et Playstation 1. Hormis l’aspect « plastique », le gameplay de ce jeu n’a pas évolué d’un iota ce qui pourra en rebuter plus d’un.

Du côté de chez Nintendo le cas est un peu différent, on aime reprendre les anciennes licences pour surfer sur la vague « retrogaming » « pixelart ». Ces remakes sont faits de manière beaucoup plus subtile sur des titres comme NES Remix qui étalent une nouvelle forme de gameplay dans un univers totalement connu par le joueur de l’époque. C’est d’ailleurs pour moi l’un des rares développeurs, à ce jour, à savoir mettre en avant ses licences de la meilleure manière qu’il soit (cf. le succès de Smash Bros et des Amiibo). SEGA devrait vraiment en prendre de la graine. Ensuite, Nintendo fait également de la réédition plus traditionnelle d’anciennes gloires comme par exemple les Zelda Ocarina of Time ou Majora’s Mask sortis sur 3DS ou encore toute la ribambelle de titres mythiques sur leur Virtual Console sur 3DS et Wii U.

On pourrait également relever les titres récurrents du catalogue comme désormais le New Mario, l’épisode Mario Kart ou encore Smash Bros qui sont des remises à jour sur la plateforme du moment, en quelque sorte un remake bien qu’apportant à chaque des nouveautés non négligeables. Pour finir avec les consoles Nintendo, on pourrait également aborder les revisites 3D des anciennes gloires de Sega telles que Space Harrier, Streets of Rage ou encore Outrun qui sort ce 12 mars (demain). Outre la possibilité offerte de pouvoir jouer de façon nomade sur 3DS, ces titres jouissent d’ajouts non négligeables comme l’affichage en 3D ou encore des techniques propres aux versions arcade comme c’était le cas dans 3D Space Harrier et l’émulation de l’affichage de la borne sur verrins hydrauliques.

Et il y a aussi le mauvais remake !

Jusqu’à présent on a pu voir qu’il existait une légitimité relative à ce que certains titres soient remasterisés, venons-en maintenant à ceux qui posent le plus de problème à savoir ceux sortis sur la génération précédente et qui ressortent sur les consoles actuelles. On a pu le voir dans notre podcast du 18/02/2015, la génération Xbox 360 / PS3 / Wii a vu naître un nombre impressionnant de nouvelles licences plus ou moins bien utilisées. Avec l’arrivée fin 2013 des nouvelles consoles de salon, les éditeurs n’ont pas hésité longtemps à ressortir certains titres sous le prétexte d’une meilleure résolution et plus important frame rate. C’est ainsi que des titres, simples copier/coller avec upgrade graphique, ont vu le jour. Ce fut le cas de Sleeping Dogs, Tomb Raider, The Last of Us ou encore Capcom qui va nous ressortir prochainement Devil May Cry 4 et le reboot de son Devil May Cry original.

 

On peut décemment se poser la question d’une telle légitimité, car hormis ceux qui ont fait l’impasse de la génération précédente ou les éventuels fan boys de ces titres peuvent trouver leur compte. Les autres auront simplement un sentiment de déjà vu et surtout l’impression d’être pris pour des pigeons de la part des développeurs qui ressortent systématiquement sans ajout notoire des titres déjà amortis (ou pas) sur la génération précédente. Il existe cependant quelques exceptions à cette règle, pour ma part j’ai retenu déjà la compilation Halo Masterchief Collection, qui, bien qu’imparfaite nous gratifie tout de même de quatre jeux de la série revus et corrigés dans les standards actuels ou presque. Je peux également vous parler du cas de Grand Theft Auto V, dont les développeurs ne s’étaient jamais cachés de la sortie du même épisode sur les consoles de la génération suivante. Il fut, lui aussi, agrémenté de graphismes entièrement revus à la hausse et surtout d’un mode FPS actionnable à n’importe quel moment dans le jeu. Qui plus est, je pense que nous n’avons pas encore fini d’entendre parler de contenu sur ce GTA V avec l’arrivée imminente (cela fait déjà trop longtemps qu’on les attend) des braquages dans les parties en ligne et pourquoi pas de DLC solo.

Quand la légitimité d’un remake prend le dessus sur l’oseille à faire…

On a pu le voir jusqu’à présent, les remakes peuvent être plus ou moins légitimés par les joueurs grâce au travail des développeurs pour rendre ces rééditions plus ou moins acceptables. Maintenant, nous pouvons nous demander pourquoi ils en sont réduits à ressortir d’anciens jeux sur les machines actuelles au lieu de créer de nouvelles licences ? L’essentiel est bien là : pourquoi ne pas créer de nouvelles sagas ? Je n’ai pas la réponse à cette question mais on peut se demander si les coûts de développement et surtout la non maîtrise des supports actuels n’influent pas dans leurs choix de faire de l’argent facile. La facilité également de fidéliser le public avec un nom qu’ils connaissent déjà et qu’ils ont déjà acheté dans le passé. Est-ce un manque d’inspiration de ces mêmes développeurs qui nous ont tant fait rêver lors de la génération précédente ? Peut-être… il ne faut pas se leurrer, sur PS3/Xbox 360 on avait également le droit à certaines rééditions voire suites de jeux sortis sur les générations précédentes (GTA, Project Gotham Racing, Call of Duty, Halo etc…) mais qui furent rapidement balayées par l’arrivée de ces nouveaux visages qui ont fait l’image de ces consoles. On peut également l’expliquer par l’absence de retro-compatibilité sur cette génération (du moins sur Xbox One et PS4) et le développement des catalogues de téléchargement en ligne. Du temps de la PS2, on ne se posait même pas la question les jeux PS1 étaient automatiquement compatibles. Aujourd’hui, les possesseurs de PS4 ou Xbox One, s’ils veulent rejouer à un titre de la précédente génération, soit ils possèdent encore l’ancienne console et le jeu, soit ils craquent pour la version remasterisée…

Conclusion

Au final, qu’en déduire de tout ceci ? Je suis d’avis que toute remasterisation doit être étudiée par le joueur avant de savoir s’il achète ou pas. C’est un nouveau mode de consommation qui se développe où les développeurs jouent aisément sur la fibre plus ou moins nostalgique, dans lequel il est nécessaire que les joueurs n’acceptent pas tout. Je dirai qu’il y a un marché pour ce type de remasterisation, par exemple, me concernant j’étais très satisfait de refaire Grim Fandango, Resident Evil Remastered ou encore de replonger dans un Los Santos HD sur GTA V dans la mesure où des ajouts significatifs sont présents. Si je peux faire un parallèle, je le ferai avec le marché du Call of Duty ou du Fifa qui trouve son public chaque année sans sourciller avec toujours plus de ventes, alors qu’au final ces jeux subissent peu d’évolutions. Le marché du jeu vidéo n’est plus le marché de niche qu’il était dans les années 80-90, aux grands désespoirs de certains joueurs, mais je pense qu’il ne faut pas non plus cracher sur cette génération qui nous propose des expériences vraiment exceptionnelles même si parfois il s’agit de choses déjà vues. Wait and see comme on dit car nous n’en sommes encore qu’au début de cette génération.

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