De l’exotisme en France avec le Yeno SC-3000

Bien avant d’être un SEGA maniaque (oui ça s’est révélé sur le tard comme j’ai déjà pu le dire plusieurs fois lors de podcasts) j’étais plutôt un fou de micros (bien qu’ayant pratiqué un temps l’ennemi). Mes premières armes se sont d’ailleurs faites sur ces ordinateurs très archaïques pour ne pas dire rustiques, où le jeu était aussi agréable que revêtir un maillot de bain en plein hiver… il est loin le temps du « plug&play » ou de la facilité de jeu sous Steam d’aujourd’hui. Je me souviens encore de cette époque où mon père (alors à l’éducation nationale), désireux de ne pas faire comme tout le monde en prenant un Amstrad, avait équipé le foyer familial d’un Tandy TRS-80 avec ses jeux au format cassette et ses chargements à rallonge façon CPC464… nous étions en 1985… Peut être avait-il longuement hésité avec un SC-3000 de Yeno ? Je n’en ai aucune idée, je n’avais d’ailleurs, jusqu’à la réception de ces photos, jamais entendu parler d’une version européenne de ce micro !

Le Yeno SC-3000 : Une machine hybride

Le SC-3000 est le mélange harmonieux d’une console de jeux associée à un micro-ordinateur familial. Grâce à l’ensemble des cassettes enfichables sur le côté de l’appareil, vous pouvez à tout moment passer de l’un à l’autre. (Extrait de la notice d’utilisation)

Encore inconnue dans nos contrées, la firme au logo bleu désire peu à peu s’exporter du pays du Soleil Levant. Alors que les consoles de jeu japonaises avaient du mal à percer dans nos contrées car fortement concurrencées par les ordinateurs et consoles britanniques ou américaines, certaines machines étaient quand même adaptées pour le marché local ce fut le cas notamment de la PC Engine avec le distributeur Sodipeng mais également avec cette machine hybride de SEGA, le SC-3000. A mi-chemin entre ordinateur grâce à son clavier intégré et console de jeu (qui acceptait les cartouches SG-1000), j’aurais vraiment aimé faire un bon en arrière façon Retour vers le Futur pour plutôt conseiller cette machine à mon paternel en 1983 lors de sa sortie… Chez nous, ce SC-3000 a été distribué par l’entreprise ITMC, qui fut rachetée en 1997 par Lexibook (ça ne vous rappelle rien ?) sous la marque Yeno. C’est d’ailleurs cette même société qui s’occupa de distribuer en France les LCDs de la marque Tiger.

Le Yeno SC-3000 : une jolie bête de technologie !

D’un point de vue technique, la machine est semblable à une SG-1000 japonaise accueillant donc le même support cartouche (accessible sur le côté), marché français oblige une prise peritel était jointe pour remplacer l’immonde câble antenne de la version nippone. A l’intérieur de la bête, un processeur central Z-80 de 8 bits cadencé à 4 MhZ (contre 3.58 pour les consoles seules SG-1000 et SG-1000 II), niveau mémoire vive (RAM) celle ci est directement intégrée à la cartouche de programmation BASIC et non dans la machine pour un total de 16 ou 32 ko (selon la version). Graphiquement, la machine permet un affichage de 16 couleurs ce qui est plus que correct pour l’époque tout en permettant de représenter jusqu’à 32 sprites (mono chromes) en même temps.

Pour la partie jeu, deux ports manettes permettant de brancher des manettes SJ-200 comme sur le modèle japonais ou encore des manettes Master System (format D 9 broches) avec donc deux boutons de tir (qui arriveront bien plus tard !). Puisque l’on parle des jeux, comme l’architecture est celle du SG-1000, les jeux sont compatibles donc on peut retrouver des titres comme Yamato, Congo Bongo ou encore Monaco GP avec leurs boîtes noires et les magnifiques artworks d’époque ! Cependant, dans le magazine Tilt n°12 on y apprend que des logiciels éducatifs étaient prévus et notamment des contacts avaient été établis avec Loriciels pour y adapter des jeux d’aventure typiquement micro… chose qui malheureusement ne vit le jour que sur les ordinateurs du crocodile que l’on a forcément tous connu de près ou de loin en France.

Tilt parlait du Yeno SC-3000 en 1984 !

Anecdote assez amusante, le prix qui était aux alentours de 2300 Francs, ce qui représente une somme (en euros constants tenant compte donc de l’inflation) de 680€, un prix non négligeable pour l’époque mais légèrement plus bas que l’Amstrad CPC 464 par exemple qui lui fit un véritable carton à cette période. On peut noter également que SEGA avait déjà pensé à rajouter des accessoires (certes comme pour la plupart des ordinateurs de l’époque), on y trouve donc, les manettes SJ-200, un enregistreur de cassette SR-1000, un lecteur de disquettes 3″ SF-7000 (pour imiter le CPC 6128) ainsi qu’une imprimante 4 couleurs codifiée SP-400. Malheureusement pour nous, le raz de marée Amstrad a frappé les foyers français et SEGA n’eut jamais l’opportunité de commercialiser comme il se doit cet appareil aussi intéressant qu’énigmatique !

Je remercie par ailleurs Simon F qui m’a fourni ces photos de ce magnifique objet de collection.

Diaporama

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